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Haut-marais et bas-marais d’importance nationale

La Tourbière du Crêt, également appelée La Mosse d’En-Bas, s’étend sur près de 9 hectares, parcourus par un sentier didactique. Ce sentier serpente également à travers la forêt attenante, le Bois de Ban. Il est aménagé et entretenu par l’association « A tire d’ailes ».

Historique

Il a fallu le retrait du Glacier du Rhône il y a près de 10’000 ans et une lente accumulation de sphaignes pendant des milliers d’années pour former ce qu’on appelle aujourd’hui la tourbière de la Mosse d’en Bas, au Crêt. Les tourbières, dont celle du Crêt, se révèlent être des archives naturelles inestimables; les grains de pollens y ont été piégés durant des millénaires, permettant la reconstitution du paysage et des activités humaines. On sait ainsi par exemple que les premières cultures de céréales sont apparues dans la région il y a un peu plus de 2’000 ans.

La tourbière du Crêt recouvrait encore au début du XXe siècle de grandes surfaces. De mémoire d’homme, son exploitation remonte très loin dans le temps. Mais l’extraction de la tourbe a atteint son apogée durant la deuxième guerre mondiale, pour pallier au manque de charbon. Après la guerre, l’exploitation a diminué pour cesser définitivement à la fin des années septante. La tourbière du Crêt est classée depuis 1991 comme haut-marais et bas-marais d’importance nationale.

Haut-marais

Le haut-marais est un synonyme de tourbière; c’est un milieu acide est pauvre en nutriments, exclusivement alimenté par les eaux provenant des précipitations atmosphériques. Seuls des organismes spécialisés poussent dans ces conditions; c’est le cas des sphaignes, ces espèces de mousses qui forment à elles seules la tourbe, au rythme d’environ 1 mm par année. L’environnement acide et sans oxygène empêche leur décomposition. A titre indicatif, on estime que l’épaisseur de tourbe a dû atteindre plusieurs mètres dans la tourbière du Crêt.

Les sphaignes forment des tapis denses qui agissent à la manière d’une énorme éponge; le niveau de l’eau s’élève par capillarité, et le marais prend une forme bombée, d’où le nom de haut-marais. Le terme Mosse vient d’ailleurs de l’allemand Moos qui désigne une mousse, notamment la sphaigne.

Bas-marais

Les bas-marais désignent plusieurs types de milieux herbacés humides comme les roselières, les prairies à litière ou les mégaphorbiaies. Le bas-marais est alimenté, en plus des eaux de pluie, par d’autres infiltrations plus riches en éléments nutritifs, telles la nappe phréatique ou les eaux de ruissellement. Cela se ressent sur la végétation, en général plus diversifiée que dans les haut-marais.

Au Crêt, les surfaces de bas-marais sont apparues après le drainage et l’exploitation de la tourbe. Une fois la tourbe hors de l’eau, elle se minéralise et se décompose, libérant ainsi des matières nutritives. Ce processus permet la colonisation du marais par des arbustes et des arbres qui supplantent la végétation typique de la tourbière. Des mesures de gestion ciblées, comme le débroussaillage ou le rehaussement du niveau de l’eau, permettent d’enrayer ce phénomène.

Depuis le XIXe siècle, près de 90% des marais ont disparu en Suisse. Il ne restait plus que 14 km2 (0,03% du territoire !) de tourbières intactes en Suisse en 2001, contre plus de 200 km2 en 1945.

Quelques spécialités

Les tourbières sont des milieux si extrêmes pour les êtres vivants que les espèces qui s’y plaisent sont souvent spécialisées. Prenons le cas de la Droséra (Drosera rotundifolia); pour vivre dans un milieu si pauvre en azote, elle a développé une stratégie particulière. Cette plante carnivore capture des insectes grâce à ses feuilles recouvertes de poils gluants ! Cette espèce a des vertus médicinales, si bien qu’elle était cueillie au Crêt pour les besoins de la pharmacie de Romont.

La Laîche à long rhizome (Carex chordorhiza) est une plante extrêmement rare en Suisse. Et pour cause. On ne la trouve qu’en 7 endroits, alors que le reste de la population occupe les terres de l’extrême Nord de l’Europe. C’est ce qu’on appelle une relique glaciaire, qui a profité du climat frais de la tourbière du Crêt pour perdurer sous nos latitudes jusqu’à nos jours. Et cela près de 10’000 ans après le retrait du glacier…

Accueil

Les visiteurs sont les bienvenus dans la tourbière du Crêt: mais ils doivent être conscients qu’ils sont les hôtes d’une réserve naturelle. Nous vous demandons de respecter les milieux et d’observer les consignes suivantes:

  • Restez sur le sentier pour ne pas piétiner les sphaignes.
  • Tenez les chiens en laisse.
  • Gardez vos déchets pour vous !
  • N’allumez pas de feu ! Ne jetez pas vos mégots n’importe où !
  • Observez les animaux sans les déranger.
  • Abstenez-vous de cueillir des plantes et d’attraper des animaux

Un sentier balisé, ponctué de panneaux d’information, vous conduira à travers la tourbière du Crêt. Le sentier « A Tire d’ailes », situé dans la forêt attenante, renseigne lui sur les rôles de la forêt.